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SERGIO NANGERONI : LE DOYEN
Benoît Gatt | J. Maury | B. Chachuat
Mais pourquoi donc Sergio Nangeroni, doyen du Championnat de France Superbike, se retrouve-t-il à 275 km/h au bout de la ligne droite des stands, au Mans, bataillant comme un furieux à l’âge de… 55 ans ? Une histoire de virus, de passion, et d’amitié, comme les aime Grand Prix.
“Virus : agent infectieux très petit, doté d’un seul type d’acide nucléique, A.D.N. ou A.R.N., et qui ne peut se reproduire qu’en parasitant une cellule. ” (Larousse).
On ne sait toujours pas exactement quand Sergio Nangeroni a été atteint par le virus et quelles cellules ont été parasitées. Ce virus, comme il le dit, « est un truc que j’ai en moi depuis mes plus anciens souvenirs. J’ai toujours voulu être… devant ! Sûrement la faute de mon grand-père Alfonso, grand fan de Ferrari, de Fausto Coppi et de l’immense Giacomo Agostini. »
Ce que l’on sait, c’est qu’il a commencé sans moteur ! Pédalant comme un beau diable sur son vélo italien (les racines, ça ne s’oublie pas), il finit champion cycliste départemental junior sur ces exigeantes routes d’Auvergne, ni bien droites, ni bien plates, formatées par le feu des volcans. Mais passons aux choses sérieuses.
Une fois le permis de conduire en poche, il se retrouve au volant de son premier engin motorisé, une Renault 12 TS, 1 289 cm3, 60 ch, d’une teinte orange… inoubliable. Débute alors à son volant une formation de pilote de rallye… sans formateurs et sans rallyes. Cela signifie rouler à tombeau ouvert sur les petites routes auvergnates, de préférence de nuit, juste pour la griserie et l’apprentissage. Il y a eu aussi les concours de demi-tour au frein à main sur les parkings des supermarchés locaux. Et même une mémorable course-poursuite avec la maréchaussée qui laissait la vaillante Renault 12 orange moins vaillante et moins orange. Et ses occupants (dont l’auteur) assis sur un banc en ciment, sans ceintures ni lacets, en garde-à-vue au commissariat du coin.
Toujours est-il que son coup de volant naturel, son sens inné des limites de l’engin – et une bonne dose de baraka – lui ont évité, ainsi qu’ à ses passagers, une fin de vie brutale et prématurée, assez courante à l’époque. Même la rencontre involontaire avec un arbre de modèle marronnier ou platane (et les marronniers et platanes sont toujours vainqueurs dans ces cas-là) n’est pas venue à bout de son enthousiasme. Tout ça n’est évidement pas un exemple à suivre pour notre belle jeunesse. Mais, comme il l’explique :
« À l’époque, il y avait trois chaînes de télévision, pas d’Internet, pas de PlayStation…Le temps était long. Et le grand Seb Loeb n’ a-t-il pas débuté par des courses sauvages organisées dans les rues d’Haguenau ? »
C’est également à cette époque, toujours pour accélérer le temps, qu’il monte un trio de hard-rock, dont il est guitariste/leader/chanteur. Le fameux trio, nommé Hotchkiss, enregistra même un 45 tours pressé à mille exemplaires dont, faute de moyens, seulement 200 eurent droit à une pochette. Et c’est aussi à peu près à cette époque que le curieux virus dont il est porteur perd de son effet. Alors en avant pour une vie « normale » : il devient enseignant en histoire-géo, père de famille émérite… et, pour ressentir quand même un peu l’ivresse de la vitesse, moniteur de ski sur les pentes de Super-Besse. (Découvrez la suite du reportage dans le Grand Prix #27).
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