C’était une époque magique. L’écurie de F1 Prost Grand Prix étrennait son troisième châssis, le AP03. Et comme toujours dans notre beau pays, tout autour du projet – et même en son sein –, il y avait autant de gens pour le critiquer que pour l’encenser. La faire rouler aujourd’hui – merci AGS ! – est un plongeon dans une équipe qui n’a pas mérité son destin.

« Si je regarde en arrière aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il y avait des luttes entre l’ancienne garde héritée de Ligier et les nouveaux qu’Alain tentait d’intégrer dans l’équipe », se souvient Jean Alesi, le pilote numéro 1 de cette époque. Des luttes d’egos à l’intérieur, des trucs de dingues à l’extérieur. C’était un parfait bordel à la française. Et tout cela empêchait cette jeune écurie d’avancer. À cette période, pour trois queues de cerises, nous passions nos hivers dans l’usine de Guyancourt, pour rédiger le livre annuel Prost Grand Prix. Et l’hiver 2000-2001 fut précisément la première fois où il ne sortit pas. Pensez, avec zéro point marqué et la lanterne rouge du championnat qui venait de s’achever, personne ne le souhaitait vraiment. Pourtant, à Guyancourt, lors de l’hiver 1999-2000, tout le monde avait travaillé d’arrache-pied. Mais dès le premier roulage de la monoplace, tout était allé dans le mauvais sens. Et la saison 2000 fut une catastrophe dont on pourrait rire aujourd’hui si ses conséquences n’avaient pas été aussi dramatiques. Dès le mois de juillet, il n’y avait plus beaucoup d’argent dans les caisses. Côté sponsors, Yahoo avait quitté le navire, le piètre classement avait fait perdre à l’écurie la gratuité des transports aériens et le partenariat moteurs avec Peugeot, juste dénoncé, était cette fois bel et bien terminé. C’est un V10 Ferrari 049C (à 28 millions de dollars…) qui allait remplacer le Peugeot A20, au centre de toutes les polémiques. Mais tout le monde allait y croire. Comme à chaque hiver.
(Découvrez la suite du reportage dans le Grand Prix #7).