“Didier allait revenir en Formule 1 en 1988”
Didier Calmels est la dernière personne à avoir parlé de Formule 1 avec Didier Pironi. C’était le 21 août 1987, juste avant son départ pour son ultime course de off-shore. C’était aussi et surtout pour sceller son retour en F1. Comme pilote et actionnaire de Larrousse-Calmels.
Si l’on établit un flash-back sur la Formule 1 d’alors, Larrousse-Calmels est l’écurie française qui monte. Entièrement privée, là où Ligier bénéficie du soutien de l’État, Larrousse-Calmels a, à l’époque pour partenaires, un cigarettier en vogue et Rhône-Poulenc, ainsi que pas mal de dossiers sérieux en cours de développement. Les résultats sont plutôt bons et il ne manque qu’un partenariat avec un grand constructeur, pour – au moins – disposer d’une motorisation de pointe, et un pilote au top de la discipline. C’est ce qui aurait dû se produire pour le départ de la saison 1988, comme le raconte Didier Calmels.
Comment resituer Didier Pironi dans le paysage de la F1 à la fin de 1987 ?
Didier a eu son accident en 1982, en Allemagne. Il a ensuite subi je ne sais combien d’opérations et a travaillé comme un fou pour récupérer l’usage de ses jambes et, plus important encore, sa capacité à piloter. Le championnat du monde lui avait alors échappé pour quelques points. Pour lui qui ne lâchait jamais le morceau, l’affaire n’était pas enterrée. Il avait eu des discussions régulières et sérieuses avec Enzo Ferrari, qui lui avait promis que, s’il le souhaitait, il ferait de lui son directeur sportif en Formule 1. Le but était alors de conquérir cette couronne perdue de peu. Mais Didier y croyait dur comme fer. Et si tout le milieu n’était pas de cet avis, sa volonté était inébranlable. Il avait bien créé un chantier naval à Grimaud, mais je peux vous assurer que sa tête était entre quatre roues. Il n’avait rien d’un marin, c’est certain !
Et vous dans tout cela ?
Nous avions créé l’écurie Larrousse-Calmels deux ans plus tôt. Didier utilisait, lui, des moteurs Lamborghini pour ses bateaux et, sur le conseil de son demi-frère, José Dolhem, ex-pilote de F1 lui aussi, il nous avait mis en contact avec Lamborghini dès le début de l’année 1987.
Vous étiez proches ?
Oui, depuis des années. Nos maisons étaient voisines, sur la Côte d’Azur, à Grimaud. On se voyait tout le temps, lui, José et nous. Et nous voyions bien que Didier allait de mieux en mieux physiquement. De fil en aiguille, José et moi avons débuté une sorte de négociation pour le retour en F1 de Didier, chez Larrousse-Calmels. Non pas juste pour que Didier reprenne le volant, mais avec de véritables ambitions de réussir ensemble. Didier n’était pas du genre à s’engager à moitié dans ce qu’il faisait. Il devait reprendre le volant pour la saison 1988, tout en prenant des parts dans notre écurie et en apportant dans son escarcelle Lamborghini et, par là même, General Motors, premier constructeur automobile mondial.
(Découvrez la suite du reportage dans le Grand Prix #8).