LÉGENDE

FANGIO AU NÜRBURGRING 1957

Par Arnaud Teillon | Photos Bernard Cahier

Pour tous les amateurs et pour les derniers témoins de cette époque, le Grand Prix d’Allemagne 1957 demeure la plus grande course de Fangio. Pour lui, ce fut l’épreuve la plus déraisonnable et la plus risquée de sa carrière. Un triomphe qui fit naître l’éventualité de la mort dans son esprit… et déclencha le processus de désir de retraite. 

C’était après son quatrième titre mondial de 1956. Vous savez, celui conquis à Monza sur la Ferrari de… Mike Hawthorn. Fangio quittait alors la Scuderia pour retourner chez Maserati. Là, sa 250 F du début de la saison 1954 – avant son passage de deux ans chez Mercedes – n’avait pas beaucoup changé. Juan Manuel Fangio, non plus… Toujours aussi fort. Surtout d’ailleurs dans l’esprit de ses adversaires. Mais, en cette fin de saison 1956, il doutait de la motivation de Ferrari de faire à nouveau de lui un champion du monde, du niveau de préparation de sa monoplace aussi, et des conséquences de la présence de son coéquipier Luigi Musso, désormais porté par tout un peuple. Enzo Ferrari en avait pris ombrage. Pourtant, l’épreuve de Monza 1956 avait conforté Fangio dans ses doutes. Pour la deuxième fois, son moteur avait cédé en course. Peter Collins s’était arrêté spontanément au stand, abandonnant ses légitimes espoirs de sacre pour lui céder sa voiture. Explication du cadet : « J’ai tout le temps de conquérir le titre. Fangio, lui, ne l’a plus… » Imaginez simplement la scène aujourd’hui, un pilote cédant ses chances à un autre, quel qu’il fut. À Monza, Fangio est donc sacré pour la quatrième fois. Il claque alors la porte de Ferrari, où Luigi Musso est devenu le favori de tout un peuple et… de l’Ingeniere, aussi.
Le réservoir à moitié plein…
La Maserati 250F, Juan Manuel Fangio la connaît depuis 1954. Elle a vieilli, certes, mais lui touche à l’absolu en 1957. Il l’emporte à Buenos Aires, à Monaco et à Rouen. Pensez simplement à ce que représentent ces tracés pour un pilote alors âgé de 46 ans ! Buenos Aires, d’abord, c’est la course qu’il ne peut pas perdre, sur ses terres, loin de ce monde de la Formule 1 européenne. Monaco et ses 105 tours, c’est aussi un défi incroyable et Rouen et sa terrible descente empruntée à 77 reprises. Sans doute le challenge ultime le plus sous-coté. Reste le Nürburgring… (Découvrez la suite du reportage dans le Grand Prix #10).

À découvrir aussi dans le volume #10

ENDURANCE

À quelques jours de la présentation de la saison 2013 du WEC, premières infos.

 

RÉSURRECTION À MARANELLO

Patrick Tambay lève le voile sur ses années Ferrari, à la suite de Gilles Villeneuve.

 

LE GÉNOME DE BRUCE

McLaren MP4/12CGT3, un monstre gentil, comme sur l’Ile aux enfants.