Pour Porsche comme pour tous les constructeurs européens de voitures de sport des années 60 et 70, une victoire à la Targa Florio en vaut alors une au Mans. Ou peu s’en faut. La 908/02 vainqueur de la Targa Florio 1969 avec Schütz/Mitter au volant offre à Porsche son premier titre mondial des constructeurs. Dès lors, le cap est mis sur une victoire scratch au Mans avec les protos.

Sur un tracé de 72 km avec plus de 6 000 virages, parsemé d’innombrables côtes et descentes sur le massif sicilien des Madonies, la Targa Florio fut pendant des décennies le plus âprement disputé des défis du sport automobile. L’histoire ? Dès 1922, l’Austro-Daimler Sascha de 598 kg pour 45 chevaux signée Ferdinand Porsche remportait les deux premières places dans sa catégorie de cylindrée. En 1924, une Mercedes également conçue par Ferdinand Porsche triomphe cette fois au général. Christian Werner impose son 4 cylindres 2 litres à compresseur à la Targa et à la Coppa Florio, ce qui vaut à Ferdinand Porsche son titre de docteur honoris causa de l’université de Stuttgart.

Mais tout démarre véritablement après la guerre, quand, le 10 juin 1956, à la surprise générale, Porsche remporte la victoire la plus importante de l’histoire de l’entreprise. Au  volant  d’une  Porsche  550  A  Spyder,  Umberto  Maglioli s’impose au général, propulsant de fait la toute jeune entreprise Porsche parmi les grands de ce monde. C’est en effet la première fois qu’un pilote réussit à gagner au volant d’un modèle de moins de 2 litres face aux grosses cylindrées. Avec une vitesse moyenne de 90,9 km/h et avec 15 minutes d’avance sur son suivant, il écrasait même les Italiens ! Et dire que la 550 A Spyder n’avait débuté que onze jours auparavant aux 1000 kilomètres du Nürburgring ! Encouragé par la victoire de catégorie décrochée là, Huschke von Hanstein, directeur sportif de Porsche, ne se rendit pourtant en Sicile avec Maglioli et deux mécaniciens que pour tester à nouveau ce  Spyder  ouvert.

Mais  pour  cette  première  participation  du constructeur allemand à cette chasse gardée des grandes écuries italiennes, Maglioli ne fit pas de quartier : 720 kilomètres de course sans laisser le volant en 7 heures, 54 minutes et 52 secondes. Pas mal… En 1959, le duo Edgar Barth et Wolfgang Seidel signe une deuxième victoire toutes catégories sur Porsche 718 RSK Spyder. En 1960, Joakim Bonnier et Hans Herrmann remportent la Targa Florio sur Porsche 718 RS 60 Spyder, et en 1963, c’est la 718 GTR de Joakim Bonnier et Carlo Abate qui s’impose.

Un nouveau chapitre s’ouvre en 1964 avec la 904 Carrera GTS dessinée par Ferdinand Alexander Porsche. Antonio Pucci et Colin Davis s’imposent au volant d’une Type 904 de série face aux protos concurrents, décrochant ainsi la cinquième victoire Porsche au classement général. (Découvrez la suite de l’article dans le Grand Prix #18).