HISTOIRE

FERRARI AU MANS

50 ans après la dernière victoire, toute l’Histoire

Par Paul Fearnley | Photos LAT Photographic

Son dernier succès au Mans remonte à 1965. Subitement, au début des années 70, Ferrari a lâché la course qui avait tant fait pour sa légende. La Scuderia peut-elle vivre sans Le Mans ? 

Enzo Ferrari le prenait pour un aventurier milanais, pour un gars qui ne résisterait pas aux coups de vent. Il avait vendu des Alfa Romeo dans le Paris frivole de l’entre-deux-guerres, avant de mettre le cap sur New York pour éviter les affres du conflit. Désormais, pour Ferrari, il était là, richissime citoyen américain de retour au pays natal pour… demander de l’aide.
En réalité, Luigi Chinetti avait saisi sa chance en « oubliant » de rentrer en Europe, après avoir assisté René Dreyfus dans sa tentative à Indy 500, en 1940. C’est ainsi qu’il se souvient de son voyage de retour : il venait pour offrir son aide. Vous le constatez, Enzo Ferrari et Luigi Chinetti se souvenaient de leur rencontre, la veille de Noël 1946, de manière très différente. Selon le très bavard Chinetti, Enzo lui était apparu comme un homme qui faisait plus vieux que ses quarante-huit ans d’alors, plutôt pleurnichard, dans une usine hantée par les fantômes des courses du passé plus que par une vision d’avenir. Il était arrivé par avion (un Constellation) à Paris, puis en Citroën jusqu’à Modène, depuis le pays où tout est possible, portant en guise de cadeau la certitude qu’ici aussi tout était possible. Il était alors accueilli par des rêves poussiéreux et des souvenirs moisis.
Sans la moindre gratitude, Enzo n’accordait ensuite  qu’une  ligne  à  Chinetti  dans  ses Mémoires. Il ne se souvenait de cet entretien que pour y avoir entendu quelque chose qu’il connaissait déjà : que les gens riches et/ou oisifs  aimaient  acheter  des  automobiles rapides  et  glamour.  Et  cette  belette  de Chinetti, accompagné de son épouse yankee et de son gamin, avait traversé la moitié d’un monde détruit par la guerre uniquement parce que Ferrari possédait la clé de ce rêve pour gens riches. (Découvrez la suite du reportage dans le Grand Prix #18).

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