INOUBLIABLE

ARNOUX / VILLENEUVE : UN DUEL DE LÉGENDE

Pascal Dro | Photos Thierry Gromik et LAT Photographic

Il y a exactement trente-quatre ans, à Dijon, se disputait la plus incroyable baston de toute l’histoire des Grands Prix. Un bref moment – 12 tours, pas plus ! – qui a suscité un nombre incalculable de vocations. Combien d’adolescents se sont dit ce jour-là : « Je veux être là ? » René Arnoux, artisan de ce show qui lui tire encore des sourires à sa seule évocation, revit ce grand duel, sur les lieux du crime.

La scène se déroule le dimanche 1er juillet 1979. Artisan indissociable de la naissance et de l’évolution de Renault F1 en piste, Jean-Pierre Jabouille signe le premier succès d’une saga qui, trente ans plus tard, se poursuit en piste. Une victoire d’autant plus historique qu’il s’agit de la première d’une Renault en Formule 1 et qu’elle a lieu en France, sur le circuit de Dijon-Prenois. Une course qui allait susciter quelques vocations, puisque notre photographe attitré, Jean-François Galeron, officiait déjà en culotte courte et Kodak en bandoulière, que Philippe Croci, mon prof de géographie, m’avait emmené sur place, que Philippe Anzemberger a réalisé cette photo inoubliable – la seule ? – des deux lascars roues contre roues et que d’autres, devenus de grands pros de ce métier, y étaient ce jour-là, souvent tout petits. Pourquoi ? Simplement parce qu’à moins de quinze tours de l’arrivée, une course qui semblait pliée et réglée s’est déchaînée sans prévenir.
À  une quinzaine de tours de l’arrivée, donc, le nouveau coéquipier de Jean-Pierre Jabouille, René Arnoux (qui s’est élancé depuis la première ligne au côté du « Grand ») entrevoit un instant une infime possibilité de chiper la deuxième place à Gilles Villeneuve sur Ferrari 312 T4. Inquiet, car ses pompes à essence ne fonctionnent pas bien, il décide tout de même de tenter le tout pour le tout et passe à l’attaque. Et à six tours du drapeau à damier débute le plus incroyable duel de l’histoire de la Formule 1. Six boucles de folie, à coups de pontons, de part et d’autre des vibreurs, roues encastrées et coups d’œil en coin, à 280 km/h, sur le toboggan de Dijon-Prenois. Six tours qui ont éclipsé le caractère historique de la première victoire d’une voiture française et d’un grand constructeur en Grand Prix, la première d’un moteur turbo en F1 et la première de Jean-Pierre Jabouille, débarqué en F1 avec Renault. Un duel opposant René Arnoux et Gilles Villeneuve qui a marqué l’histoire. Une histoire de connivence, de valeurs partagées et de totale confiance entre deux vrais givrés de vitesse, totalement assoiffés de victoire. Pour la première fois, sur les lieux mêmes du pugilat, René Arnoux revit la scène. Une vraie gourmandise pour grands malades de Grands Prix.
Ce qui me fait être d’accord pour que l’on dise de cette épreuve que c’était une grande course, ce n’est pas le fait que l’on se batte très fort – d’ailleurs, ce n’était même pas pour la victoire, car Jean-Pierre Jabouille était très loin devant nous – c’est juste que c’était l’affrontement de deux « gros » tempéraments. Chacun voulait arriver devant l’autre, quels que soient nos rangs à l’arrivée. C’était entre lui et moi. Le reste n’avait pas d’importance. (Découvrez la suite du reportage dans le Grand Prix #12).

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