COLLECTION

THE ROFGO COLLECTION

Andrew Frankel et Arnaud Teillon – Photos Matthew Howell et Eric Fabre/V Images

Roald F. Goethe est un grand malade. Il possède ce qui est aujourd’hui devenu la plus grande collection automobile privée à thème au monde. Et pas n’importe quel thème : les autos de course ayant porté l’emblématique marque Gulf.

 Vous l’appelez, il vous rappelle. Il est simple comme vous et moi. Quand il vous parle de ses autos, c’est plus de la saga Gulf inextricablement liée à sa vie d’enfant, puis à sa carrière d’adulte, brillante. Roald F. Goethe est un homme pressé qui a réussi dans les affaires et qui n’a pas oublié ses passions ni ses rêves d’enfant. Des rêves en deux couleurs : 3707 Zenith Blue et 3957 Tangerine. Des couleurs qui, lorsque vous les appliquez avec talent sur la surface élancée et aérodynamique d’une voiture de course, produisent un ef­fet magique. A vous laisser bouche bée, les bras ballants et à écarquil­ler les yeux des enfants qui, sur l’instant, se mettent à rêver au « quand je serai grand … ». Ce sont les couleurs de Gulf Oil.
Parmi ces gamins transis d’admiration, il en fut un qui ne s’est pas contenté de rêver : Roald, bien sûr, dont le premier souvenir en bleu et orange fut une Ford GT40 au Mans, dans les années 60. Il décida alors qu’un jour il s’offrirait une de ces autos et ne se contenterait plus d’un modèle réduit sur sa table de nuit. Cela lui prit quarante ans, mais comme notre homme a de la suite dans les idées, il réussit à s’en of­frir une vraie. C’est arrivé en 2008, avec l’aide d’Adrian Hamilton, le cé­lèbre marchand britannique fils du pilote Duncan Hamilton, qui locali­sait une authentique John Wyer Automotive Gulf Ford GT40. Ce qu’il ne savait pas encore, c’est que celle-ci serait le premier pas (un doigt dans l’engrenage) de ce qui allait devenir la plus importante collection à thème, entre les mains d’un particulier, au monde. C’était en réalité une suggestion de Hamilton. Roald ne se fit pas prier, inutile de le préciser! Et pendant les quatre années qui suivirent, discrètement afin que les prix ne flambent pas trop, le marchand mit à profit son formidable carnet d’adresses et parcourut le monde entier à la recherche de tout ce qui avait pu courir de manière significative sous les couleurs Gulf.
Résultat : cette collection qui continue à grossir, puisque, entre l’écriture de ces lignes et la publication de l’article, elle était passée de 25 à 30 éléments. Plus précisément, à 29 voitures et un fabuleux ca­mion transporteur. De la GT40 de 1965 dont nous avons déjà parlé à la Mc Laren MP4-12C GT3 que pilote désormais Roald Goethe dans le Blancpain Endurance Series. Entre les deux ? Eh bien … Des Formule 1, des autos de la Canam, mais surtout des prototypes d’endurance, dont les Mirage construites par John Wyer après les périodes G T40 et 917, mais toujours dans leur livrée Gulf. Musée ou collection ? Col­lection, plutôt. C’est ainsi que notre homme envisage la chose. Toutes les voitures sont dans un état parfait, prêtes à démarrer et à rouler. Et c’est ce que Goethe a en tête : les faire rouler et courir, car c’est là leur vocation. Ainsi avait-il confié le volant de la 917 à Vern Schup­pan, au Mans Classic. Ce dernier l’avait crashée en évitant un autre incident sur la piste. Lors de notre séance photo, elle revenait juste de l’atelier, toute pimpante. Restait un problème : il nous fallait choisir les autos à vous présenter. Le magazine tout entier n’y aurait pas suffi, alors nous avons opté pour les huit plus emblématiques de ce qui est devenu un esprit Gulf, fait de technique, de saga, de couleurs, d’his­toires, de drame et de glamour. Sans oublier le camion, bien sûr… (Découvrez la suite du reportage dans le Grand Prix #11).

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