Dans les années 1960, c’est Matra qui rallume le feu de la passion pour la course dans l’Hexagone. Puis, lorsque Jean-Luc Lagardère la retire des circuits, un autre nom reprend le drapeau bleu-blanc-rouge : le rude et solide Guy Ligier impose son écurie de Formule 1 comme un David tricolore face aux Goliath anglo-saxons et italiens. Une partition héroïque entamée il y a presque cinquante ans, belle par endroits, malheureusement entachée de quelques fausses notes à certains autres.
Parler sereinement de l’écurie Ligier est un exercice assez délicat, tant son parcours est une alternance de zones de lumière et d’ombre et la personnalité de son fondateur sujette à bien des questionnements. Il n’en demeure pas moins que les supporteurs français ont soutenu en masse cette équipe face à la déferlante anglo-saxonne qui régissait alors la Formule 1. Du moins jusqu’à ce que l’enthousiasme laisse place au scepticisme, puis à la lassitude et, enfin, au rejet. Car l’histoire de Ligier, c’est tout cela à la fois : de grande vagues de bonheur suivies de sombres creux dépressifs. Mais, même si ces derniers ont constitué une grande – et regrettable – partie de l’aventure, on ne peut oublier les hauts faits qui l’ont illuminée durant ses premières saisons : Ligier a été le seul constructeur français indépendant à manquer, de peu, d’être Champion du Monde (si on veut bien excepter le cas particulier de Matra en 1969, entièrement servi par l’efficacité du team Tyrrell).
(Découvrez la suite du reportage dans le Grand Prix #30)