TEST(OSTÉRONE)

PORSCHE 956 : LA LÉGENDE, LA VRAIE…

Paul Fernley – Ian Dawson

Ce n’est pas tant sa puissance, c’est surtout sa brutalité qui secoue. Quelques minutes plus tôt, nous roulions à bord de la 956, sans bruit, dans un petit village d’Allemagne à peine éclairé, en direction du circuit. Oui, sur la route même. Aussi discrètement que possible. Enfin…autant que faire se peut au volant d’une Porsche du Mans de 650 ch. À Hockenheim, avec son « boost » tourné au maximum, nous passons les autres autos présentes sur la piste comme dans un jeu vidéo. 

Croyez-le ou non mais émerger ainsi de la nuit au volant d’une légende pareille, se mettre à foncer en piste et doubler tout ce qui bouge, c’est un truc inoubliable. Et tout le respect – déjà immense – que je témoignais à Jacky Ickx, Derek Bell, Klaus Ludwig, Henri Pescarolo et consorts, se trouve turbocompressé depuis cet essai.
Tout d’abord, coincé et calé dans l’espace passager (la règle exige deux places dans un prototype) de notre Porsche 956, j’ai les fesses posées sur une paire d’extincteurs, juste protégées par une couverture pliée en guise de coussin. Les quatre pompes à essence cuisent avec méthodes mes reins collés à la paroi tandis que mon crâne casqué cogne la « boîte noire » à chaque accélération, avant qu’il ne soit projeté en avant à chaque freinage. Bien sûr, ils ont pris la précaution d’installer une ceinture de sécurité Porsche, en provenance d’une auto de série. Mais cela ne sert pas à grand-chose et je dois m’accrocher à tout ce que je trouve pour ne pas finir sur les genoux du pilote, au travers de la fine porte en fibre de verre dans chaque virage ou dans le pare-brise au freinage.
Avec 1,4 bar de pression, la valeur utilisée en qualification, l’effet du turbo se fait sentir dès 5 000 tr/mn. Il vous expédie sur une autre planète, dans une galaxie où les messieurs Tout-le-monde, à bord d’Opel et autres VW bien d’ici, ne passent qu’une fraction de seconde dans votre espace visuel (ou spatio-temporel). Woooop !
Je me demande bien ce qu’ils peuvent penser quand ce vaisseau à remonter le temps les laissent sur place. Et, même sans avoir le temps de nous voir passer, je vous garantis qu’ils nous entendent. Ne serait-ce que parce que mes cris et jurons sont, eux aussi, poussés au max. (
Découvrez la suite du reportage dans le Grand Prix #24).

À découvrir aussi dans le volume #24

DÉCOUVERTE

Toyota 200 GT et GT86, deux sportives en décalage avec leur époque.

 

PASCAL VASSELON (TOYOTA)

« Nous revenons avec trois voitures et peu de choses changées. Pour gagner. »

 

LA LUTTE DES CASQUES

La seule et unique grève des pilotes, à Kyalami, en 1982.