SAGA

MICHAEL FACE A AYRTON

Paul Fearnley – traduit par Erin Sweeney – Lat photographies

En Formule 1 comme ailleurs dans le sport, l’histoire du jeune loup qui déboulonne les valeurs établies est un grand classique. Michael Schumacher s’est attaqué à Ayrton Senna sans même prêter attention à la légende brésilienne. Il ne remarqua sa présence que le 1er mai 1994. Et ne l’a jamais oublié.

Son frère Ralf avait l’air gêné. Il détournait même le regard. Comment pourrait-il comprendre ? Mika Häkkinen, lui, avait couru contre Senna. Au côté de Michael, sur le podium d’Imola, en 1994, il espérait, lui aussi, comme tout le monde qu’Ayrton s’en sorte. Il comprit immédiatement l’émotion qui étreignait alors Michael et plaçait son bras sur son épaule, sollicitant une pause. « Passez à Ralf, il peut prendre la suite. »
Celui-ci était alors en train de consoler son frère, en larmes. Comme si la grande famille de la course avait pris la situation en main. Cette conférence de presse TV, tenue après l’épreuve de Monza, en 2000 – indubitablement gênante pour tout le monde –, apparaissait touchante pour beaucoup. Et mièvre pour d’autres. Martin Brundle n’y a pas cru une seconde, tant ce comportement ne ressemblait pas à ce qu’il connaît de Michael Schumacher.
« Michael était plus agressif qu’Ayrton, déclare celui qui fut le coéquipier de l’Allemand chez Benetton en 1992. Il était sans émotion, concentré, programmé et te poussait hors de la piste quand c’était nécessaire. C’est exactement ce qu’il m’a fait en Hongrie en 1992. Plus tard pendant la course, j’ai touché sa voiture et son aileron s’est détaché. Je crois que les Allemands appellent cela schadenfreude, la “joie du malheur d’autrui”. Après, nous nous sommes expliqués sérieusement, mais il s’est surtout servi de ce moment pour déverser sa colère. Plus tard, bien plus tard, seulement, il s’est excusé. Deux ou trois années s’étaient alors écoulées… »
Mais en Formule 1, si tu te comportes comme Monsieur Tout-le-Monde en restant docile, timide, poli, sympathique, tu es très vite mis de côté. Un pilote doit gérer toutes ces émotions et faire avec. Des trucs qui habituellement te forceraient à un arrêt de travail de trois mois ou à aller voir un psychologue pour t’en remettre. Eh bien non, là, il faut encaisser et continuer. (Découvrez la suite du reportage dans le Grand Prix #22).

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