RÉVÉLATION
STEVE McQUEEN A BIEN COURU LE MANS 1970
Pascal Dro | Photos Nigel Snowdon et Emmanuel Zurini/DPPI
Ses assurances le lui avaient interdit. Le risque était trop important. Mais Steve McQueen n’a écouté personne. De nuit, il aurait enfilé son casque et pris la piste pour disputer la course de ses rêves.Tous les éléments et témoignages concordent…
C’est aux premiers jours du printemps 1970 que Steve McQueen apprend la nouvelle. Il vient de terminer les 12 Heures de Sebring, la deuxième plus importante épreuve d’endurance au monde, à la deuxième place, avec l’aide de Peter Revson, le jeune et ambitieux pilote de F1, héritier des cosmétiques Revlon, alors au creux de la vague.
Dans le dossier de Michel Vaillant consacré à Steve McQueen, Gérard Crombac, le fondateur de « Sport Auto », indique qu’il avait lui-même recommandé Revson à McQueen. Et que les deux s’étaient entendus à merveille. McQueen, lui, ne débutait pas en course à cette occasion. Ils avaient disputé en février une course d’échauffement à Holtville, en Californie, avant de mettre le cap sur la Floride et Sebring, pour les 12 Heures. C’est alors la deuxième plus importante épreuve d’endurance internationale disputée aux États-Unis, après les 24 Heures de Daytona, juste remportée par la Porsche 917 K du trio Rodriguez/Kinnunen/Redman.
La Porsche 908/2 numéro 29 est décorée aux couleurs de Solar Production, l’entreprise de Steve McQueen, et les combinaisons des pilotes aussi. En Californie, McQueen court alors depuis près de dix ans en SCCA, dans des courses de club, en sport, en proto ou même en monoplace, et s’est offert un nombre impressionnant de voitures extraordinaires. Jaguar KK–SS, Lotus Eleven, Porsche speedster, 911 S 2 litres, puis 2.2S… Mais c’est à moto, en enduro, qu’il se sent le meilleur. Il fut même sélectionné pour participer dans l’équipe des États-Unis aux fameux International Six Days Enduro, le championnat du monde de la spécialité. Une sorte de rallye tout terrain, véritablement extrême, disputé sur trois jours, de nuit comme de jour. Et il s’en était sorti à merveille.
Mais, cette fois, à la veille de la saison 1970, McQueen a non seulement acheté une Porsche 908 neuve, mais en plus il compte la piloter à Sebring, avant de venir rouler aux essais du Mans et de participer, en juin, à ce qui est déjà la plus grande course automobile au monde. Pour lui, cela ne fait aucun doute : il disputera les 24 Heures. Cela se saura inévitablement et cela conférera l’authenticité sur laquelle il est tellement à cheval à la superproduction qui sera ensuite tournée sur place. Sa motivation est telle qu’il contacte Jackie Stewart pour disputer l’épreuve avec lui. Stewart est alors le meilleur pilote au monde et le champion du monde de Formule 1 en titre.
Seulement voilà, pour McQueen la joie de son retour triomphal de Sebring est un peu assombrie par un courrier sibyllin de Film Center, le superstudio qui lui a commandé cinq films. Ils lui interdisent de disputer la course. Pour des raisons d’assurance et pour le risque que cette participation implique.
(Découvrez la suite du reportage dans le Grand Prix #19).
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