FIGURE

GEORGES MARTIN – ET LE V12 MIAULA !

Pierre Ménard | Photos LAT Photographic, Archives Gérard Ducarouge et Pierre Ménard

Au départ, il ne connaissait pas grand- chose à la course. Il ignorait même le nom de Matra. Georges Martin a pourtant conçu un des moteurs les plus prestigieux de l’histoire du sport automobile moderne. Rencontre animée avec le père du V12 Matra

Il est à la fois vrai et faux d’affirmer que Georges Martin ne connaissait rien au sport automobile. Vrai, car lorsqu’il débarqua chez Matra en 1966, il venait de chez Simca où on faisait plutôt dans le moteur « pépère ». Faux, car il était un spectateur normalement intéressé :
« J’ai vu le premier Grand Prix après la Libération avec un copain du lycée Henri-IV. J’avais quinze ans (il est né en 1930, NDLR). On est allé dans le bois de Boulogne sans billets, on a attendu que les flics soient un peu distraits par autre chose, on a poussé une barrière et paf ! on s’est mis au bord du circuit. Plus tard, j’allais régulièrement au départ des 24 Heures du Mans et je repartais à minuit. Je m’intéressais au sport automobile, mais pas à tout. »
Lorsqu’il répond à l’annonce de Matra qui cherchait un directeur pour le service Compétition, il est tout aussi vrai qu’il ignore grosso modo ce que produit la firme dirigée par Jean-Luc Lagardère. Celui-ci veut axer son entreprise sur le haut niveau et affiche ses prétentions : gagner Le Mans et la F1, puis construire une GT routière de prestige. Pour le bouillant Gascon, seul un noble V12 peut répondre tous ces critères. À Georges Martin échoit l’exaltante tâche de le concevoir.
V12 ou V8, le futur directeur n’a pas d’a priori. Mais il veut avoir les coudées franches pour se lancer dans ce qui est tout de même une sacrée aventure pleine d’incertitudes :
« J’ai dit à Lagardère que je voulais que tout le monde soit réuni sous mon autorité pour plus de clarté, sinon je ne viendrais pas. J’ai demandé à voir son banc d’essai. Quelqu’un m’a emmené devant un banc qui était dehors depuis l’année passée et qui avait explosé à cause de la glace en hiver ! J’ai alors demandé aux copains qui étaient dans le métier ce qu’ils en pensaient. Tout le monde m’a déconseillé d’y aller. Ma femme, qui travaillait dans la publicité, m’a fait rencontrer le responsable de Renault chez Publicis et un gars de chez Ford. Ils ont descendu Matra en flammes ! J’avais 36 ans et je me suis dit : “Si je dois faire une connerie, c’est maintenant ou jamais” ! Et j’ai dit OK, contre l’avis de tous. »
(Découvrez la suite du reportage dans le Grand Prix #17).

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