PIRONI, PORTRAITS D’UN SEIGNEUR (SUITE)
L’AFFAIRE PIRONI / VILLENEUVE
Par Martine Camus | Photos Bernard Asset, Jean-François Galeron et Bernard Bakalian
Qui a trahi ? Que s’est-il vraiment passé lors du Grand Prix d’Imola 1982 ? Trente ans plus tard, voici les faits simples et les avis des impétrants. Trahison ou incompréhension ? Y avait-il ce jour-là un salaud et un naïf en piste ? La vérité est bien différente…
Retour en arrière. À Imola, ce dimanche 25 avril 1982, sur la piste et dans les stands, il n’y a pas foule. La presque totalité des écuries FOCA (Association des constructeurs de Formule 1) boycotte le circuit Dino Ferrari d’Imola. Tyrrell est la seule du clan anglais à avoir effectué le déplacement. Les absentes protestent contre le jugement du tribunal d’appel de la FIA (Fédération internationale de l’automobile) qui a déclassé Piquet et Rosberg du Grand Prix du Brésil. À la grande satisfaction de Didier Pironi qui fait remarquer à Patrick Camus, l’envoyé spécial d’Auto Hebdo :
« Si, à un certain niveau, les autorités de ce sport avaient fermé les yeux sur de flagrantes tricheries, le tribunal d’appel de la FIA a clairement fait comprendre, et pour le bien de la Formule 1, que la corruption n’a pas pourri notre noble discipline jusqu’au plus profond de ses tribunaux. »
Didier, faut-il le préciser, a horreur de l’injustice, ou de la justice à deux vitesses… Peut-il alors encore se battre en prenant la tête des pilotes pour les défendre face au pouvoir sportif ? En ce début de saison, les Ferrari n’ont pas encore marqué un seul point. Et Imola vient à point nommé. Mais tiendront-elles, cette fois-ci ? Côté pilotes, selon Nigel Roebuck, au soir des essais qualificatifs du Grand Prix du Brésil, Gilles Villeneuve le prend à part et veut lui parler. En qualif, Gilles est une seconde et demie plus vite que Didier. Gilles lui dit :
« Écoute, tu sais, il ne faut pas que tu sois trop dur avec Didier dans tes colonnes. L’accident qu’il a eu la semaine dernière au Paul Ricard était un très, très gros carton. Il est sans doute encore un peu sonné. Et si tu peux en parler à tes confrères, ce serait chouette. »
Ces propos sont off record. Une chose que le journaliste anglais n’a jamais connue par la suite avec aucun autre pilote tentant de protéger son coéquipier.
Gilles Villeneuve se considère, et c’est aussi l’avis de Mauro Forghieri, comme celui qui a mené cette douloureuse transition de Ferrari des F1 à coque alu et moteur atmo aux coque nida et moteur turbo. C’est lui qui a fait tout le travail et devrait hériter de ce statut de pilote Ferrari numéro 1. Il a aidé Didier Pironi à intégrer Ferrari et tous deux sont devenus amis, partageant beaucoup de choses, jusqu’à des vies assez dissolues et compliquées, en ce dé-but d’année 1982. Et, donc, avant ce Grand Prix, nos deux pilotes sont des amis droits, fair-play et qui se respectent et travaillent ensemble sans la moindre dissimulation. (Découvrez la suite du reportage dans le Grand Prix #9).
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