LÉGENDE

LA TRANSITION STEWART-CEVERT
PAR KENNETH ET BOB TYRRELL

Par Vincent Franceschini – Photos B & K Tyrrell, WRi2/J.-F. Galeron

Les deux fils de Ken Tyrrell, Kenneth et Bob, gardent tous deux des souvenirs émus de cette époque. Kenneth est devenu pilote de ligne, suivant les traces de son père qui fi t ses classes dans la RAF. Bob, lui, quittait tout juste l’école en 1973, avant de rejoindre l’écurie Tyrrell par la suite.

Des deux fils de Ken Tyrrell, Kenneth avait reçu, dans le courant de l’année 1973, la confidence du départ de Jackie Stewart. Bob, lui, était trop jeune. Tous deux se souviennent de cette drôle de famille où tout le monde faisait des F1 et tout ce qui va avec pour que deux pilotes de légende gagnent des Grands Prix.
Vous rappelez-vous de cette fin de saison 1973 ?
K. T. : Vous savez, je ne faisais pas partie de l’écurie, j’étais pilote de ligne. Mais une fois, en allant à une course, j’ai demandé à mon père si Jackie allait prendre sa retraite à la fin de la saison. Il m’a dit oui. Je lui ai alors demandé qui allait le remplacer. Et il m’a répondu : « François. Il est désormais prêt pour cela. »
B. T. : Moi, je n’étais pas vraiment dans l’équipe à l’époque, bien trop jeune. Mais il ne lui a jamais dit, il était ainsi, notre père. “François allait devenir premier pilote Tyrrell en 1974
K. T. : Remettez-vous dans la situation de Ken. Le dire à François, c’était révéler le secret de la retraite de Jackie. C’était la porte ouverte aux spéculations… Ce qui est sûr, c’est que, pour mon père, François allait devenir le premier pilote Tyrrell en 1974. La seconde chose, c’est qu’à cette époque, les contrats se signaient bien plus tard. La preuve : après la mort de François, Ken a signé Patrick Depailler et Jody Scheckter. C’est la preuve que de bons pilotes étaient disponibles très tard.
Il est possible et même probable qu’il ait engagé Jody bien avant. Et que lui seul fut donc dans la confidence. Ce qui le rendit incapable de répondre à François qui l’engueulait et lui tapait sur le casque, à l’arrivée de Mosport, non ?
K. T. : Imaginez seulement le scénario : si Ken avait proposé un contrat à François avant, celui-ci, à sa simple lecture, aurait compris quelle serait sa position. Et par voie de conséquence, la retraite imminente de Jackie. Il ne pouvait pas, simplement ! Aucun doute.
Il semble que François était dans le doute. Car les rumeurs du paddock disaient que Jody Scheckter avait signé…
K. T. : Je ne sais pas s’il était en colère ou non, mais je vous dis qu’à 100 %, dans l’esprit de Ken, François allait devenir premier pilote en 1974. Jackie avait alors dit à plusieurs occasions, lors de cette saison 1973, que François avait été plus rapide.
Cevert aurait également eu, à l’époque, un contact établi avec Ferrari. Stewart le confirme. Il y aussi le fait qu’il souhaitait alors commencer à gagner sa vie comme pilote de pointe. Vous étiez au courant ?
K. T. : S’il avait pu signer ce contrat de numéro 1 avec nous, cela serait allé de pair. Il était prêt pour cela et il n’aurait pas accepté de contrat de second pilote. Il n’en était pas là. Et surtout, jamais il n’aurait signé pour devenir le numéro 2 de Lauda.
B. T. : Et puis, la Ferrari n’était pas compétitive à l’époque, je crois. Vous savez, l’écurie Tyrrell était avant tout une grande famille et il en faisait partie. Je ne vois pas pourquoi il en serait parti.
(Découvrez la suite du reportage dans le Grand Prix #6).

À découvrir aussi dans le volume #6

DESTIN

Stirling Moss, le champion sans couronne, roi des leçons de pilotage.

 

CARNET DE ROUTE

Quarante ans après, nous avons tenté le Cannonball de 1971 pour de vrai. Gaz !

 

TEST(OSTÉRONE)

Après l’Alpine 500 “laboratoire”, essai de la RS01, première F1 turbo de l’histoire.