AVIATION

OPÉRATION DOOLITTLE

Par Philippe Lenain | Photos Gary Chambers et D.R.

Fou d’aviation et fils de pilote, Philippe Lenain est aussi un ancien pilote automobile et créateur de circuit. Lorsqu’il nous a proposé cette histoire magnifique, nous avons dit « banco » sans hésiter. Pensez, de belles photos, une histoire d’hommes et des bombardiers B-25 de 1942 qui reprennent l’air, c’est tout l’esprit de Grand Prix, ça ! 

Séparés par soixante-huit longues années, ces deux projets sont nés d’une idée… complètement dingue. Et comme toujours dans ces cas-là, c’est l’entêtement d’un homme qui a permis au rêve de devenir réalité. Et là, croyez-nous ou pas, en 1942, en pleine guerre du Pacifique, comme en 2010, l’exploit était de taille pour faire voler des B-25.
Pour les Français, quand on évoque un coup d’éclat militaire, on pense en premier lieu aux taxis de la Marne de 1914. Pour les Américains, l’équivalent, c’est le raid de Doolittle, qui eut lieu en avril 1942, quelques mois après le désastre de Pearl Harbor. Jusque-là, les mauvaises nouvelles s’accumulent et le moral de la population américaine est au plus bas : dans la foulée de l’empereur Hirohito, Hitler déclare la guerre aux États-Unis, tandis qu’au cœur de l’océan Pacifique les Japonais boutent simultanément les troupes anglaises hors de Malaisie, de Singapour et de Hong-Kong, alors qu’ils envahissent les Philippines (protectorat américain) et l’Indonésie (colonie hollandaise).
Le président américain Franklin D. Roosevelt fait alors appel à l’intelligentsia militaire pour trouver une idée. Il doit frapper l’empire du Soleil-Levant, rapidement et puissamment. Au moins pour marquer les esprits et restaurer le moral de sa population. Mais comment faire ?
C’est du lieutenant-colonel James H. Doolittle que vient une idée… démente : elle consiste à frapper le cœur de la capitale japonaise en faisant décoller des bombardiers depuis un porte-avions qui s’approcherait clandestinement des côtes de l’archipel, les équipages finissant leur course, à bout de carburant, en Chine ou en Union soviétique…
Doolittle sélectionne alors quatre-vingts membres d’équipage pour former une escadrille spéciale de seize North American B-25 Mitchell, un bombardier bimoteur capable d’emporter une tonne de bombes incendiaires à 4 000 km. Seul petit problème, à pleine charge (bombes et carburant), il lui faut 800 m de piste pour décoller. Or le pont d’un porte-avions en mesure à peine 150…

1942. Emmenés par
James H. Doolittle, les
B-25 ont voyagé sur le
porte-avions Hornet
jusqu’à proximité des
côtes japonaises.

Deux mois d’un entraînement ultra-secret et intensif suffisent à régler le souci : le 18 avril 1942, à la stupeur générale, les B-25 sont sur le pont du porte-avions U.S.S. Hornet qui, sans attendre, sillonne le Pacifique. La mission est prévue pour le lendemain. Jusque-là, tout va bien et l’effet de surprise est préservé. Seulement voilà, après quelques jours de mer, le Hornet croise des chalutiers japonais. Dès lors, il n’est plus question de s’approcher des côtes : il faut décoller immédiatement. Le risque d’une attaque nippone est désormais trop grand. C’est donc avec un handicap de 300 km supplémentaires que cette mission est lancée. En grimpant à bord, les esprits des pilotes sont clairs : ces 300 km de plus hypothèquent presque leurs chances de retour. Doolittle devient dès lors une mission suicide. (Découvrez la suite de l’article dans le Grand Prix #4)

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