MOTO
CHRISTIAN SARRON : LE PETIT PRINCE
Par Michel Bidault | Photos R. Lohrer
Titulaire d’un palmarès impressionnant, Christian Sarron reste à ce jour le plus grand producteur de lauriers français sur deux-roues. Retour sur la partition exceptionnelle d’un chef d’orchestre valeureux et obstiné…
Auvergnat pur jus et sportif pur sucre, Christian a découvert les subtilités des trajectoires en pédalant comme un dératé sur le tracé de Charade… Natif de Riom, à une poignée de kilomètres du mythique circuit arverne, le futur champion était toujours d’attaque pour défier d’autres cyclistes autour des cinquante-cinq virages que contenait la boucle de 8 kilomètres. Devenu adolescent, une 125 Motobécane remplaçait la bicyclette, et les encouragements de ses copains conduisaient Christian à s’interroger sur l’idée de se tester en compétition. Afin d’y parvenir, cap sur la vie active, un emploi aux PTT et constitution d’économies pour s’offrir la 350 Kawasaki sur laquelle il rêvait de s’inscrire à la Coupe du même nom… Raté ! La marque venait de mettre sur le marché une toute nouvelle 400, rendant le précédent millésime obsolète. Il fallut donc attendre une année supplémentaire avant d’enfin débuter dans de bonnes conditions…
Le grand bain
1975. Sarron a 20 ans, toutes ses dents, sa licence, une Kawa 400 KH et plein d’espoirs. Il confia bien plus tard avoir été surpris de gagner d’emblée, et raconta qu’au cours de l’une de ses premières courses, parti en tête et étonné de n’être jamais rejoint, il finit par se retourner pour n’apercevoir… personne ! Cette stupéfaction le déconcentra tellement qu’il termina par terre ! En tout cas, cette saison fut couronnée de succès : troisième au général de la Coupe Kawa (l’édition fut remportée par Eric Saul, autre futur grand de la vitesse) et vainqueur des Promos- ports 500. Ces débuts en fanfare furent favorisés par André Fargeix, ex-pilote clermontois toujours prêt à catapulter tout ce qui portait deux roues dans le Massif central, et Gérald Garnier, un ancien de la Coupe dont l’approche novatrice de la compétition avait tout pour séduire Christian, déjà très besogneux. Garnier imposait de rigoureuses séances d’entraînement, prenait des chronos partiels, disposait d’une structure… Une organisation pratiquement unique à l’époque. C’est d’ailleurs sur ses conseils qu’il fut approché par Patrick Pons, déjà star des pistes, et à la recherche d’un jeune prometteur apte à porter haut les couleurs de son fan-club…
Entre les deux hommes, le courant passa très vite. Après avoir signé son premier contrat, Sarron entreprit la ronde 1976 aux manettes de 250 et 350 Yamaha, financées en partie par les activités générées par Patrick Pons. Une fois encore, l’apprentissage était mené tambour battant, Christian se portant partout aux avant-postes. En cours de saison, gravement blessé à une jambe en Angleterre, Pons alla jusqu’à confier ses motos à son protégé… qui en fit bon usage, gagnant en inter à Brands Hatch sur la trois et demi, et se classant second des 250 à Mallory Park. Pour faire bonne mesure, le « phénomène » acheva la saison en se positionnant deuxième du Bol d’or, associé à Denis Boulom, aux bracelets d’une 1000 Kawasaki Godier-Genoud. Depuis l’invention des fusées, rarement mise en orbite fut autant ajustée ! (Découvrez la suite du reportage dans le Grand Prix #3)
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