BÂTISSEUR

DANS LA PEAU DE JEAN-LOUIS SCHLESSER

Par Pascal Dro | Photos : Simon Rama, J.-L. S et DPPI

Nous pardonnera-t-il ? D’avoir à la fois repris un titre de film dédié à John Malkovich et de me faire passer pour lui ? Non pour lui piquer sa gloire tellement méritée et si durement gagnée, mais pour que sortent de sa bouche des choses qu’il ne dit pas souvent. Et d’autres qu’il ne dira jamais. Mais des choses qui comptent et qui font de Jean- Louis Schlesser le personnage de roman qu’il est devenu.

Tour à tour généreux et cruel, réfléchi et orageux, belliqueux et sage, Jean-Louis Schlesser est comme les sables et les vents de son Maroc adoré. Changeant, mais fidèle et toujours plus malin que nous tous réunis. Nous avons parlé du Dakar, de l’Afrique, de l’Amérique du Sud et de bien d’autres choses. Il est comme les plus grands champions de ce sport : avant tout un homme normal qui vous parle et vous considère comme son égal.
Tout petit, déjà, il nous faisait rêver. Non par la lignée des Schlesser de la course, puisque l’oncle Jo, meilleur pote de Guy Ligier, mort à Rouen sur une Honda F1 pourrie, avait installé le patronyme. Mais parce que Jean-Louis, petit, roulait avec la même hargne pour y arriver. Les volants chez les Anglais, puis la Maurer F2 dont je me souviens sur « mon » Grand Prix de Pau. Maurer avait eu le même impact sur la F2 que Brawn GP sur la F1 en 2009. Et Jean-Louis, tombé de nulle part, avait réussi à arracher un volant. Idem chez Pygmée avant. Idem chez Sauber en championnat du monde (il a cloué tout le monde, Schumacher compris, pendant quatre ans). Idem chez Williams en F1 pendant sept ans, en essais. Et idem sur les pistes du Dakar.
Ce n’était pas sa pointe de vitesse – pourtant incroyable – qui me frappait, mais sa capacité de rebond infinie. Et lorsque je l’ai rencontré pour la première fois, comme ce fut le cas avec Alain Prost, c’est son intelligence et son humilité qui m’ont frappé. Cette capacité à gérer les choses une par une, avec une hiérarchie et cette quasi-impossibilité à parler de soi. Pas d’ego chez les vrais grands. Ou du moins, bien moins que chez les petits grands. Exemple frappant : si un jeune ou un gamin l’appelle, lui, le champion, à son atelier de Mouans-Sartoux, dans les Alpes-Maritimes, il le prendra en ligne. Il l’accueillera sur place et lui dira tout ce qu’il sait, sans retenue. (Découvrez la suite du reportage dans le Grand Prix #3).

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