ICONE

STEVE McQUEEN

LE MANS, SES AUTOS, SES PASSIONS ET SES HAINES

Par Arnaud Teillon – Photos : Michael Cooper Archives, Matt Stone, Evan Klein

La réalité peut-elle être plus forte – mais moins flatteuse – que le mythe ? Existe-t-il un autre Steve McQueen que celui de la légende ? Est-il mieux ou moins bien ? Et si l’on refusait le mythe pour s’en tenir aux faits ? Simplement. Car la vraie vie vaut toujours mieux que les histoires…

Terrence Steven McQueen – qui aurait donc dû s’appeler Terry – aurait eu 80 ans le 24 mars dernier. Et ce 7 novembre était le trentième anniversaire de sa disparition, d’une fin paisible, dans son sommeil après une opération. Une mort douce, c’est la dernière chose qu’il aurait imaginée… Depuis, de manière assez extraordinaire, le mythe ne cesse de se construire, de s’alimenter et de croître. Le Times a fait paraître un dossier en images et plein d’autres ont suivi. Les marques qui ont croisé sa route négocient plus que jamais avec son fils Chad le droit d’utiliser son image. Alors, Steve McQueen, « king of cool » ? L’élégant Steve, aussi à l’aise sur Park Avenue en costume cintré qu’en treillis et chaussures de chantier à moto ? Homme à femmes ? Dur à la peau de tendre ? A bien y regarder, tout cela vole en éclats. En quelques secondes.
Né d’une maman âgée de 19 ans qui décide de fuir l’Indiana et son mari, pilote de voltige, alcoolique et violent (tiens, tiens…), Steve McQueen ne grandit pas comme un enfant. D’oncles en foyers, de l’Indiana à Los Angeles en passant par le Missouri, il est déjà familier avec la violence des rues et du monde quand les autres jouent dans les cours de récréation. Pire, quand il y a une bagarre, c’est lui qui prend la tête et distribue (et prend) les baffes. Bars, vols de voitures, sexe, Steve est un dur à qui la vie n’a rien donné. Mais il sait qu’il ne se laissera emmerder et enfermer par personne et ira jusqu’au bout. De tout.
Ce bout, il le trouve très vite, avec un internement en maison de correction à l’âge de 15 ans et pour plus d’un an. Et s’il retrouve brièvement sa mère à New York ensuite, c’est pour tout quitter et prendre la route : le Texas et ses champs de pétrole, un cirque itinérant, puis le corps des marines, l’élite de l’armée, qui représente, aux États-Unis, une seconde chance pour les citoyens en quête de respectabilité. Là, il se retrouve face à lui-même et à l’autorité. A cette occasion, il s’approche des machines, des tanks, des bateaux et des motos, dont il rêve. Et c’est là, aussi, qu’il prend, en cour martiale, quarante jours de cachot, à l’eau et au pain. Il n’a pas 18 ans. Chaque tentative et nouvel élan le renvoient ainsi à sa condition de raté et d’exclu. Une femme lui apprend les bonnes manières. Il la quitte quand elle lui fait de l’ombre ou plus assez de lumière. Ce fut aussi le cas de Neile Adams, pétillante et pleine de succès, qui dut interrompre sa carrière de chanteuse en vogue et demandait le divorce après treize ans de mariage, peu après le fi lm Le Mans, en 1970. Ce fut le cas d’Ali McGraw, inoubliable dans Love Story, produit par son mari d’alors, et qui avait succombé à l’attraction physique de Steve, sur laquelle il avait jeté son dévolu. Elle savait qu’elle serait à lui en quittant la projection de Bullitt, en 1968. Il la voulut sur The Getaway, en 1972. Rien ne pouvait s’opposer à cette passion avant même qu’elle ne naisse.

(Découvrez la suite du reportage dans le Grand Prix #2).

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