MOTO

LE ROSSI MÉCONNU…

Par Alessia Cruciani – Photos DPPI

Alessia Cruciani suit depuis des années le MotoGP pour le célèbre quotidien italien La Gazzetta dello Sport. Voici son regard personnel sur la légende Valentino Rossi – chef de la « tribu des chihuahuas » –, qui aborde le dernier virage de sa carrière chez Ducati.

« Tout le monde connaît Valentino Rossi. Tout le monde sait qu’il est le plus grand pilote de l’histoire de la moto. Ses 9 titres mondiaux et ses 105 victoires ont notamment écrit la légende du “46” (le double du numéro de course de son père). Et personne n’ignore qu’il vient de signer un contrat pour piloter en 2011 et 2012 la Ducati Desmosedici en MotoGP, après sept années passées chez Yamaha. Un risque, certes, pour ce jeune homme de 31 ans, qui sort d’une année épouvantable, avec six mois sans succès et une jambe fracturée lors de son Grand Prix national, en juin. Mais qui sait quelle est la vraie nature de Rossi ? Particulièrement secret sur sa vie privée et sur ses loisirs (il disparaît presque entre les courses, souvent dans sa villa d’Ibiza), il se protège avec autant d’acharnement qu’il en met au combat sur la piste.
De mon côté, comme beaucoup d’Italiennes, je suis fière de sa réussite. En Italie, la moto est une industrie plus importante qu’en France. Et les courses y sont bien plus présentes dans les médias. Je ne suis pas une fan à proprement parler, mais une observatrice admirative de sa carrière, que je tente de suivre de mon mieux pour La Gazzetta, sur les Grands Prix. Alors, reprenons depuis le début, voulez-vous ?
Né en février 1979, Rossi a toujours vécu à Tavullia, avec moins de 8 000 voisins, entre Pesaro et Rimini. Et même s’il n’a jamais voulu quitter cet endroit, son statut de star et de proie des paparazzis ne lui a pas facilité l’existence. Si bien qu’il s’est, dans un premier temps, exilé à Londres – où la vie des people est à peine plus calme – avant de revenir au pays, il y a deux ans, une fois ses soucis fiscaux réglés. Et ce sont les habitants qui le protègent depuis, lorsqu’il est là. Tavullia est devenue la seule ville d’Italie où il peut envisager une existence simple, sortir et parler aux gens de manière normale.
Pour Valentino, c’est une chose importante. Star espiègle sur les courses, parfois agressif et provocateur, il est aussi un jeune homme discret et simple en dehors. La notoriété qui s’accroche à son statut représente pour lui un lourd prix à payer : plus de dîner impromptu le soir avec ses potes ou sa fiancée. Même à minuit, la plus banale des pizzerias deviendrait le théâtre d’une émeute. ‘‘Je crois que ce sera ainsi pour le restant de mes jours. Même quand j’aurai cesser de courir…’’, dit-il un peu agacé. Lui, il aime sa tribu des chihuahuas (ils s’appellent ainsi), la vie en communauté et ne pas se poser la question des raisons de tant de sollicitude autour de sa personne.
(Découvrez la suite du reportage dans le Grand Prix #2).

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