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NAISSANCE D’UNE MATRA 630-FORD

Par Thierry Gromik et Pascal Dro | Photos Thierry Gromik

Voici une histoire extraordinaire. Quatre Matra 630-Ford neuves et 100 % authentiques s’apprêtent à prendre la piste. Fabriquées par des artisans de Matra, selon les techniques de l’époque et avec les matériaux et organes du tournant des années 1970. Un chantier colossal, peu raisonnable, mais en passe d’aboutir. Et si vous le souhaitez, il y en aura même une pour vous !

C’était en 1986. Le musée Matra prenait la poussière. Roland Roy et moi avions écrit à Jean-Luc Lagardère, le patron d’alors. Juste pour lui dire que nous étions en colère, que cela n’était pas normal et qu’il fallait faire quelque chose. Quinze jours plus tard, il nous répondait : Vous n’avez qu’à vous en charger”. C’est ce que nous avons fait. Nous étions désespérés. Voir cette histoire se décomposer sous la poussière nous rendait malades. Nous avions écrit à tous les directeurs de l’entreprise et pas un n’avait bougé le petit doigt. Mais là, nous nous sommes mis immédiatement au travail.
Parfois, la vie peut être simple ! Jean-Paul Humbert passait ainsi du contrôle-qualité (!) de l’assemblage des immémoriales Rancho et Bagheera à Romorantin à la restauration des cinquante merveilles du musée Matra. Et en 2003, lors de la cessation d’activité de l’usine, Bernard Balzeau et lui acceptèrent de faire partie du plan social afin d’investir leur prime de licenciement dans la création d’Entretien du patrimoine automobile français, ou Epaf. Drôle de nom ? Oui et… non. Les plus anciens se souviennent de ces initiales, qui furent longtemps associées à l’entreprise de René Bonnet, constructeur à Champigny-sur-Marne (94) des fameuses Deutsch et Bonnet (DB), qui brillèrent au Mans et donnèrent naissance à Matra Sports et à Automobiles Matra. Epaf signifiait alors Études pièces détachées et accessoires fabrication.
Mais revenons à Romorantin… Une fois les primes investies et l’atelier monté, le travail débutait sans attendre : un coach DB du Mans pour commencer, puis la reconstruction de la légendaire Matra MS 640 dessinée par Robert Choulet. Celle-ci s’était envolée lors des essais du Mans, en avril 1969, avec Henri Pescarolo à son volant. Résultat : quelques mois d’hôpital et de graves brûlures au visage pour le futur quadruple vainqueur du Mans. Un autre projet extraordinaire allait suivre : la fabrication d’une MS 80 de Formule 1 neuve à partir d’un châssis d’époque jamais assemblé – qui porte aujourd’hui le numéro 3 –, puis la MS 10-02 vice-championne du monde en 1968 et en partie championne en 1969 avec l’Écossais Jackie Stewart à son volant , avant deux Ligier-Matra de F1. En tout, quinze autos ont été restaurées ces quinze dernières années. Jusqu’à ce projet de MS 630 qui nous intéresse aujourd’hui. (Découvrez la suite du reportage dans le Grand Prix #1).

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